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GUDIN DE LA SABLONNIÈRE, (1768-1812), COMTE, GÉNÉRAL DE DIVISION

Histoire et mémoire

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15/07/2021

La dépouille du général Gudin, découverte en 2019 à Smolensk, a été rapatriée de Russie le 13 juillet dernier en présence de la ministre déléguée Geneviève Darrieussecq. Une cérémonie nationale aura lieu aux Invalides le 2 décembre prochain, date anniversaire du sacre de l'Empereur et la victoire d'Austerlitz.

Qui était le général Gudin?

Issu d’une famille à forte tradition militaire, Gudin bénéficia d’une solide éducation à l’école militaire de Brienne où il côtoya Napoléon entre 1781 et 1782. Doué d’une grande capacité de travail, il apprit son métier d’officier dans les états-majors de l’armée du Rhin au service des grands noms : Lecourbe (en Helvétie), Moreau, Lefebvre, Gouvion Saint Cyr ou Souham. Sa nomination au généralat en 1799 récompense une carrière déjà bien remplie de coups d’éclat.

Dès ses premières campagnes, il révéla son caractère offensif ainsi que sa capacité à tirer le meilleur de ses hommes tout en ayant soin de préserver leurs vies. Il se fit spécialiste des opérations de vive force comme lors de l’attaque du Grimsel (1796) ou lors du passage du Danube (1799). À partir de 1804, il fit souvent l’avant-garde du 3e corps commandé par le maréchal Davout.

Considéré par ses pairs comme un général vigoureux qui brille dans l’action, Gudin savait également encaisser un choc pour ensuite repartir à l’assaut. À Auerstedt (14 octobre 1806), à la faveur du brouillard, Gudin engagea le combat le premier contre les Prussiens. Il dut subir ensuite les assauts répétés de la cavalerie prussienne. Pendant 4 h, les fantassins de Gudin tinrent bon permettant au reste du 3e corps de rentrer en ligne. Sa division réorganisée, il marcha en avant et participa à la victoire. Tout la journée, Gudin se montra au cœur des combats pour diriger et encourager ses soldats. Dans cette difficile mêlée, il reçut une blessure qui ne l’empêcha pas de figurer à la tête de sa division lors de son entrée dans Berlin.

À Wagram, le 3e corps fut chargé d’enlever la position de Neusiedel à la gauche du dispositif français. Gudin cette fois entra en lice derrière Morand et Friant. Après de difficiles engagements pour traverser la Russbach, Gudin escalada à son tour le plateau sous un feu meurtrier. L’épée à la main, il anima la résistance et sa division se cramponna au terrain contre les assauts adverses. Au bout de la quatrième blessure, Gudin fut évacué du champ de bataille mais pas avant que ses hommes ne fassent ployer les Autrichiens.

Ces belles actions, il les devait ainsi à ses soldats pour qui Gudin avait beaucoup de considération et qu’il savait ménager. Chef exigeant, il faisait régner une stricte discipline dans sa division et les soldats devaient connaître parfaitement règlements et exercices.

C’est dans la poursuite après la bataille de Smolensk que Gudin fut fauché par un boulet de canon le 19 août, à Valoutina. Le maréchal Ney qui était en avant-garde ne put seul conquérir une position forte sur laquelle une partie de l’armée russe s’était mise en défense. Après autorisation de Napoléon, la division Gudin, qui suivait le corps de Ney, tenta de déloger les Russes du plateau où ils s’étaient retranchés. Alors qu’il planifiait le second assaut, le général Gudin fut frappé par un boulet qui lui emporta la jambe gauche et le mollet de la droite fut « détruit dans tout son épaisseur jusqu’à l’os » comme le constata Larrey (Mémoires de chirurgie militaire et campagnes, Paris, 2004, vol. 2, p. 743). Tandis que l’avantage fut finalement remporté, Gudin fut transporté en sang à Smolensk.
Ségur raconta que « quand la nouvelle de ce malheur parvint chez l’empereur, elle y suspendit tout, discours et actions. Chacun s’arrêta, consterné : la victoire de Valoutina ne parut plus un succès. » (La campagne de Russie, Paris, 2010, vol. 2, p. 96-99)



Napoléon lui rendit visite le lendemain. La gangrène se développant rapidement, il fut impossible de sauver le général qui mourut le 21 août. Napoléon, pour qui cette perte fut « sensible », dressa un portrait élogieux du général dans son 14e Bulletin : « Le général Gudin était un des officiers les plus distingués de l’armée ; il était recommandable par ses qualités morales autant que par sa bravoure et son intrépidité. » Chose rare, Napoléon écrivit à la comtesse Gudin une lettre de condoléances dans laquelle il dit : « je prends part à vos regrets ; la perte est grande pour vous ; elle l’est aussi pour moi. » Il promettait par ailleurs de s’occuper des enfants du général Gudin qui laissait cinq orphelins : ils reçurent titre et pension. 

Du vivant du général, Napoléon sut reconnaître les mérites et la valeur militaire de Gudin. Il reçut plus de 70 000 francs de rente, le titre comte de l’Empire, la médaille de commandeur de l’ordre de Saint-Henri de Saxe et fut grand aigle de la Légion d’honneur.  Thiers résume dans son Histoire de l’Empire ce que beaucoup pensaient de Gudin : « Cet illustre général était par son courage héroïque, sa bonté parfaite, son esprit cultivé, un objet d’estime pour les officiers et d’estime populaire pour les soldats. Sa mort fut sentie dans l’armée comme une perte commune qui touchait tout le monde. »


François Houdecek

Fondation Napoléon

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