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Gloire et Histoire au temps du vivre ensemble - Complément du Casoar

Casoar

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05/04/2017

Tribune libre

 
Gloire et Histoire au temps du vivre ensemble
 

 
Par le colonel Dominique Baudry - Promotion « Lieutenant-colonel Driant » (1965-67)
 

La Gloire, un jour, du ciel descendit à Saint-Cyr…Ils sont une multitude à avoir ressenti sa présence depuis la création de l’École spéciale militaire. Mais demain, qu’adviendra-t-il ?
 

« L’ère nouvelle enfantera des enfants qui ne tiennent plus au passé par aucune habitude de l’esprit. L’histoire leur offrira des récits étranges, presque incompréhensibles, car rien dans leur époque n’aura eu d’exemple dans le passé, et rien du passé ne survivra dans leur présent » déclare Paul Valéry. À nous d'en nourrir la réflexion sur notre identité. Le silence, le recueillement et la mémoire historique seraient aujourd’hui devenus impossibles. Lors des commémorations du centenaire de la bataille de Verdun, en 2016, l’animation musicale avait initialement été confiée à un rappeur dont les paroles des chansons portaient à vive controverse. Le concert fut annulé. Le gouvernement invita trois mille quatre cents jeunes Français et Allemands à courir en jogging entre les tombes de la nécropole de Douaumont. Ils mimaient la bataille, la mort et la résurrection. L’histoire est ainsi sacrifiée à une prétendue attente de jeunisme culturel, de l’individualisme et du progressisme. Dans un système où la communication oblitère les idées, la parole historique prend tout son sens. Si l’on veut que l’histoire de la France devienne l’histoire de ceux auxquels elle est transmise, elle ne peut être enseignée que de façon chronologique.  Car, comme le disait encore Paul Valéry, « l'histoire, je le crains, ne nous permet pas de prévoir mais, associée à l'indépendance de l'esprit, elle peut nous aider à mieux voir. »
 
« Le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines » énonçait l’historien américain Christopher Lasch qui n’imaginait, certes pas, qu’aujourd’hui l’espace à défendre est celui du vivre ensemble, délié de tout héritage. « Enfant, tu dois aimer la France, parce que la nature l'a faite belle, et parce que son histoire l'a faite grande », disait Ernest Lavisse. Pour sa part, en 1882, dans son célèbre discours à la Sorbonne, Ernest Renan définissait la Nation comme une « une âme, un principe spirituel. » Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir « l'héritage qu'on a reçu indivis». De tout cela, que reste-t-il en 2017 ? Ce sont deux mots réduits à un slogan qui, pour certains, sonne comme celui d’une impuissance: «vivre ensemble». Pour autant la situation nationale et internationale réclame impérieusement de conserver une identité, un équilibre et une continuité.
 
Nul ne sait ce qui sortira de cette période d’incertitude mondiale secouée, en outre, par les attentats des terroristes islamiques jusque sur notre sol. Les autorités politiques en appellent au patriotisme des Français ; pour autant, la solidarité ne saurait ignorer le nécessaire sentiment d’appartenance à une même communauté. Le patriotisme est l’amour de « la terre des pères ». Pour les armées, un observateur attentif ne doutera pas qu’il n’existe nulle confusion dans les esprits. En effet si, d’après de Gaulle, la « mélancolie du soldat » est de toutes les époques, surtout en temps de paix, où triomphent d’autres valeurs, elle n’obère en rien l’abnégation et l’héroïsme des militaires qui, malgré les difficultés, œuvrent au service de la France.

« La Gloire, un jour, du ciel descendit à Saint-Cyr,
On l'y connaissait bien,
Ce fut avec plaisir que tous les saint-cyriens reçurent l'Immortelle. »

 
Sources : « Le crépuscule des idoles progressistes » de Bérénice Levet, éditions Stock et « La compagnie des ombres » de Michel de Jaeghere, édition Les belles lettres.
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